L’innovation n’a pas toujours les traits d’une prouesse technologique issue d’un cerveau fécond. Elle se déguise parfois, comme en ce début d’année, lorsqu’elle a pris l’apparence de jeunes femmes intégralement vêtues de noir. L’Anglaise Sara Cox et l’Écossais Hollie Davidson sont arbitres de rugby et elles racontent l’évolution des moeurs du sport professionnel. Cox et Davidson avaient été désignées mi-janvier par l’EPCR (l’organisme qui régit l’organisation des coupes d’Europe) comme arbitres principales de matchs masculins en challenge européen. Une seule avant elles – Joy Neville, en 2017 – avait eu droit à pareille récompense de son travail. « Je n’arrivais pas vraiment à y croire quand j’ai reçu l’appel téléphonique, a confié Sara Cox. Je suis certaine que j’aurai des papillons dans l’estomac, mais je vais simplement essayer de bien faire les bases. » Malheureusement, les tribulations du variant anglais de la Covid-19 ont entraîné le report des rencontres et repoussé l’échéance. Mais elles ne pourront éternellement retarder le sens de l’histoire, qui fait en outre bien peu de cas de la forme du ballon. La Française Stéphanie Frapprt était ainsi devenue, le 2 décembre 2020, la première femme à arbitrer un match de ligue des champions de football, entre la Juventus Turin et le Dynamo Kiev. Une pionnière saluée dans le monde entier et classée, le mois dernier, à la première place des « 30 qui font le football français » par le journal L’Équipe. Ou comment innover en sifflant.